Henri Michaux

par Philippe  -  22 Juillet 2014, 06:23

Henri Michaux

"Rétrospective, peinture, dessins, estampes de 1943 à 1984", exposition du 13 juillet à fin novembre 2014, Galerie Chave, 13 rue Isnard, 06140 Vence, tél. 04.93.58.03.45.

Après l'exposition consacrée à Max Ernst la galerie Chave propose de découvrir l'œuvre du peintre et écrivain Henri Michaux. Henri Michaux voit le jour dans un famille belge aisée. Il vit une adolescence angoissée et préfère se réfugier dans les livres de Tolstoï ou Dostoïevski lorsqu'il étudie chez les jésuites. Henri Michaux découvre à 20 ans la matrice de son œuvre. Il s'agit du voyage qu'il soit extérieur ou intérieur. Le voyage extérieur l'amène vers d'autres pays en dehors de l'Europe et lui permet de s'ouvrir sur les autres. Le voyage intérieur est plus intimiste. Il l'effectue lorsqu'il utilise des drogues ou s'intéresse à la psychiatrie.

Henri Michaux commence par le voyage extérieur. Il entame des études de médecine qu'il abandonne pour devenir matelot et découvre Lautréamont. En 1920 il collabore à la revue d'avant garde le Disque VERT fondée par Franz Hillens. Henri Michaux commence à écrire sur des voyages réels ("Escuador" (1929), "un bateau pour l'Asie" (1932)) et imaginaires ("Ailleurs" (1949)). Parallèlement à l'écriture il s'intéresse dès 1925 à la peinture et aux arts graphiques. Il expose sa production graphique pour la première fois en 1937. Après cette exposition il se consacre uniquement au dessin. Les peintures qu'il réalise à l'aquarelle, au crayon, à la gouache ou à l'encre de chine montrent l'influence de Max Ernst et de Paul Klee. Il manifeste aussi un intérêt pour la calligraphie qu'il utilise dans nombre de ses œuvres.

Henri Michaux entame le voyage intérieur lorsqu'il veut donner un nouvel élan à sa carrière en 1955 à l'âge de 55 ans. Il s'intéresse aux liens qui peuvent exister entre l'absorption de substances psychotropes (les drogues) et la création artistique. Il écrit une lettre en 1954 à Jean Paulhan dans laquelle il se dit prêt à prendre de la drogue. Il reçoit chez lui en janvier 1955 Jean Paulhan et la poétesse suisse Edith Boissonnas pour "faire l'expérience de la mescaline". Cette expérience se déroule en présence d'un médecin qui calcule les doses à ingérer en fonction d'un protocole médical précis. Durant cette expérience les participants sont libres d'écrire ou de dessiner ce qu'ils éprouvent ou ce qui leur passe par la tête. Cette expérience se répète à trois reprises. Henri Michaux fera plusieurs dessins dont "Dessin mescalinien à l'encre de chine". Ce dessin réalisé sans plan prédéfini et sans idée de départ frappe par sa précision. Le peintre laisse son esprit vagabonder mais n'oublie pas d'arrêter son trait au bord de la feuille de papier montrant que la drogue n'annihile pas son esprit. Les participants décriront leur expérience dans trois livres : "Rapport sur une expérience" de Jean Paulhan (édition Œuvres complètes), "Mescaline" d'Edith Boissonnas (éditions NRF, 1955) et "Misérable, miracle" d'Henri Michaux (éditions du Rocher, 1955) dont le récit est complété par une quatrième expérience puis par l'utilisation du cannabis ("Connaissance par les gouffres", 1961).

Henri Michaux poursuivra son travail sur le lien entre la drogue et la création jusqu'en 1966 lorsqu'il écrit "Les grandes œuvres de l'esprit et les innombrables petites" publié aux éditions Gallimard. Il y fera un bilan de ses expériences. Après 1966 il revient vers la médecine notamment la psychiatrie. Il se rend dans de nombreux hôpitaux et cliniques et se fait présenter des malades par le personnel. Il veut savoir quel lien existe ou peut exister entre l'art et la psychiatrie car certains malades ont fait des dessins qui l'intriguent. A la fin de sa vie il fuyait le monde et les journalistes alors qu'il avait durant de nombreuses années voyagé extérieurement et intérieurement avec de nombreux amis.

Henri Michaux "Dessin mescalinien à l'encre de chine" (détail), 1955

Henri Michaux "Dessin mescalinien à l'encre de chine" (détail), 1955

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