Trois pas de côté
Exposition des diplômés 2014 de la villa Arson (Pauline Allié, Tanguy Beurdeley, Jedrzej Cichosz, Lucile Diacono, Raphaël Emine, Quentin Euverte, Victorien Euzard, Céline Fantino, Margaux Fontaine, Vincent Guiomar, Valère Jasson, Sharon Lesley Jones, Paul Le Bras, Sarah Maisonobe, Baptiste Masson, Simon NicolaDelphine Roux, Anna Tomaszewski, Nelly Toussaint, Sergio Valenzuela Escobedo, Julien Ziegler) du 6 juillet au 25 septembre 2014, 20 avenue Stephen Liégeard, 06000 Nice, tél. 04.92.07.73.73,
Croisant des missions d'enseignement supérieur et de diffusion de l'art contemporain, la villa Arson est un lieu de découverte architecturale où l'on est invité à vivre une expérience de l'art sans cesse renouvelée au gré des expositions qui y sont proposées. Labellisé "patrimoine du XXe siècle" cet établissement du ministère de la Culture regroupe une école nationale supérieure d'art, un centre d'art contemporain, une résidence d'artistes et une médiathèque. L'exposition se répartit dans huit espaces (1 / la galerie d'essais, grand hall, 2 / la galerie provisoire, grand hall, niveau - 1, 3 / la rue transversale, 4 / l'atelier de peinture, 5 / l'atelier Scéno haut, 6 /l'atelier sculpture, 7 / l'atelier Scéno bas, 8 / l'atelier du patio) qui durant la période d'activité de l'Ecole nationale supérieure d'art constituent des galeries d'accrochage et d'évaluation des travaux et des ateliers de travail des étudiants. Grâce à la fondation Bernar Venet une douzaine d'étudiants ont reçu le prix de la jeune création contemporaine depuis six ans. Cette année Anna Tomaszewski et Simon Nicolas dont les œuvres figurent parmi l'exposition ont reçu ce prix.
Il est toujours difficile d'effectuer une synthèse thématique entre les œuvres réalisées par de jeunes artistes. Ils ont tous des expériences, des questionnements, des accomplissements et des doutes qui leurs sont propres. Au fur et à mesure du développement de leur carrière il sera plus aisé de définir leur style. Il serait aussi facile d'invoquer l'argument générationnel pour essayer de les ranger dans une catégorie. Deux idées forces se détachent de leurs travaux. Tout d'abord ils remettent en cause de façon directe et frontale l'ordre existant. Ensuite ils tracent un chemin alternatif.
L'exposition cherche à donner un autre usage aux choses en pratiquant une idée chère à l'historien et au philosophe Michel de Certeau le "braconnage culturel". Certains détournent les objets des formes stéréotypées alors que d'autres offrent une vie alternative en rusant sur l'usage et la destination des objets. Ainsi Paul le Bras et ses machines complexes mis en marche par l'interaction de rebus a priori antagonistes ou Quentin Euverte qui s'empare de la machine et du genre pour destructurer les objets du quotidien qu'il expose dans un univers obscur (garage) (Atelier Scéno bas). Lucile Diacono préfère créer des objets sans statut véritablement défini.
L'exposition veut aussi inventer des territoires à travers une autre vision du monde où les fragments de gestes et de lieux ont une nouvelle force symbolique qui résiste à la localisation. Ainsi Jedrzej Cichosz prend physiquement possession de tout le lieu ou il expose (Atelier du Patio, terrasse inférieure) . Son travail montre une véritable fascination pour les milieux intermédiaires. Le photographe Sergio Valenzuela Escobedo utilise la photo pour inventer un monde. Ses territoires sont le fruit d'expériences mentales et géographiques comme lorsqu'il veut créer des cabanes à l'aide de brindilles de pin (Galerie d'essais, grand hall, niveau 0). La lauréate du prix de la jeune création contemporaine Ana Tomaszewski produit des espaces en utilisant des images et la couleur noir (Galerie d'essais, grand hall, niveau 0). Vincent Guiomar recrée un environnement en s'appuyant sur le reflet que la lumière fait sur la carrosserie d'une voiture. Sharon Lesley Jones influencée par les récits de science fiction de JC Ballard invente des espaces géographiques et mentaux dont la construction hésite entre utopie et totalitarisme. Elle y exprime une inquiétude face à la perte d'intimité (Galerie d'essais, grand hall, niveau 0).
L'exposition interfère en imaginant des dispositifs perturbant le réel et son déroulé en provoquant des dérapages perceptifs grâce à la composition d'objets sonores peu identifiables et décalés par rapport aux images auxquelles ils sont associés. Ainsi Simon Nicolas a installé 4 haut-parleurs sur le toit de la villa Arson qui émettent des sons plusieurs fois par mois. Ces sons finissent par s'immiscer subrepticement dans la quotidien (rue transversale). Céline Fantino crée une confusion des ses films en décalant le son de l'image pour donner le sentiment de l'étrangeté (Galerie provisoire, grand hall, niveau - 1). Pauline Allié rassemble des dizaines de mails envoyés par des proches qu'elle empile sans réécriture dans un livre pour composer un autoportrait (Atelier sculpture, partie haute).
L'exposition permet enfin de reconsidérer la manière de produire des images en remettant en question l'attrait de la vitesse et le spectaculaire ou semble se complaire notre époque. Ainsi Jean Ziegler s'inspire d'images illustrant ses affects et son quotidien le plus banal pour les manipuler et les déformer (Atelier sculpture, partie haute). Tanguy Beurdeley crée des atmosphères avec une charge visuelle maximale dont il extirpe la simplicité (Atelier sculpture, partie haute).
Je dois tout d'abord m'excuser - artetcinemas.over-blog.com
Exposition de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, à la Villa Arson 20 avenue Stephen Liégeard 06105 Nice Cedex 2, du 6 juillet au 13 octobre 2014, tél. 04.92.07.73.73, www.villa-arson.org ...
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