Art Lovers

par Philippe  -  19 Août 2014, 07:11

Art Lovers

Histoires d'art dans la collection Pinault. Exposition Grimaldi Forum de Monaco, Espace Ravel, du 12 juillet au 7 septembre 2014, tous les jours de 10 h. à 20 h., nocturnes les jeudis jusqu'à 22 h., tarifs = 10 €, groupes, étudiants et séniors = 8 €, gratuit pour les moins de 18 ans, visites guidées les jeudis et les dimanches de 14 h. 30 à 18 h. 30. Partenaires : Compagnie monégasque de banque, d'Amico, France Inter.

Le Grimaldi Forum est un bâtiment de 70.000 m2 de superficie doté d'un design spectaculaire de verre, de béton et d'acier. Il peut accueillir 3000 personnes et a été gagné sur la mer Méditerranée. Inauguré le 20 juillet 2000 par les princes Rainier III et Albert II il peut accueillir simultanément plusieurs événements d'ampleur internationale.

Le Grimaldi Forum accueille une exposition qui ne laisse pas le spectateur indifférent et peut même le choquer. Le directeur du Palazzo Grassi de Venise Martin Béthenod a sélectionné dans la collection de l'homme d'affaire François Pinault 43 œuvres qui interpellent le visiteur. Ces œuvres de format XXL traduisent l'état actuel de la création américaine et sa course au gigantisme. Les artistes encouragés par les institutions et les galeristes poussent les limites physiques des œuvres au risque de voir ces œuvres se dématérialiser.

Urs Fischer "Untilted", 2011

Urs Fischer "Untilted", 2011

La présentation des œuvres s'effectue dans un labyrinthe qui passe par différentes étapes. Les concepteurs de l'exposition proposent un double objectif au visiteur : explorer les liens (visibles, concrets, sérieux et ironiques) entre les œuvres et le rapport entre l'histoire et l'art sous le signe de la dynamique. La première étape s'intitule "sculptures". Le visiteur se trouve face à la sculpture "Hanging Heart" de Jeff Koons. Cette sculpture donne le ton. Il s'agit de rendre hommage aux illustres prédécesseurs mais aussi de les défier.

Jeff Koons, "Hanging Heart", 2014

Jeff Koons, "Hanging Heart", 2014

L'artiste défie ses prédécesseurs en mettant une distance entre la représentation et la reproduction.

Giulio Paolini, "L'invention d'Ingres", 1968

Giulio Paolini, "L'invention d'Ingres", 1968

L'artiste défie également ses prédécesseurs en revisitant le bas relief à l'aide de matériaux contemporains.

Charles Ray, "Light number left", 2007

Charles Ray, "Light number left", 2007

L'artiste défie ses prédécesseurs lorsqu'il se montre dans une situation intime.

Jeff Koons, "Jeff et Ilona", 1991

Jeff Koons, "Jeff et Ilona", 1991

L'artiste défie ses prédécesseurs lorsqu'il représente des gisants en marbre. Auparavant le marbre était réservé aux puissants pour leurs représentations. Lorsque l'artiste l'utilise pour représenter les plus humbles il le désacralise.

Maurizio Cattelan, "All", 2007

Maurizio Cattelan, "All", 2007

L'artiste défie ses prédécesseurs lorsqu'il instaure un dialogue muet entre deux statues représentant Vénus le déesse de l'amour.

Giulio Paolini, "Mimes", 1975

Giulio Paolini, "Mimes", 1975

Enfin l'artiste défie ses prédécesseurs lorsqu'il brouille les frontières entre l'art et le divertissement, le bon et le mauvais gout, l'histoire et le fiction.

Piotr Uklanski, "Dancing nazis", 2008

Piotr Uklanski, "Dancing nazis", 2008

La deuxième étape de l'exposition s'intitule "Transformations". Les concepteurs de l'exposition proposent d'examiner le relation entre l'œuvre et la culture dont elle s'inspire.

Takeshi Murakami, "The experience of god at the several of facts, 727-272", 2006-2009

Takeshi Murakami, "The experience of god at the several of facts, 727-272", 2006-2009

La troisième partie de l'exposition s'intitule "Sacré". Cette partie est le prolongement de "Transformations" car elle propose d'explorer le relation entre l'œuvre et la culture sous l'angle de deux paramètres : la transposition et l'imitation. Cette relation peut se fonder sur un dialogue entre l'histoire de la peinture chinoise et l'histoire de l'art occidental.

Zhang Fanzhi, "Hase", 2013

Zhang Fanzhi, "Hase", 2013

Cette relation peut aussi se matérialiser dans l'esthétique de la ruine.

Cyprien Gaillard, "Preditt Igo Fell", 2009

Cyprien Gaillard, "Preditt Igo Fell", 2009

La relation peut aussi consister à s'approprier l'œuvre de Degas "la petite danseuse de 18 ans" de 1881 et de la transformer.

Louise Lawler, "Music + 90",

Louise Lawler, "Music + 90",

La relation peut aussi se limiter à réaliser une sculpture qui traduit les problèmes personnels et existentiels de l'artiste. Ce travail rapproche l'artiste du travail effectué par Francis Bacon.

Damien Hirst, "The evangelists", 2004

Damien Hirst, "The evangelists", 2004

La relation peut emprunter un chemin plus spirituel. L'artiste s'inspire du tableau de Léonard da Vinci "la Cène" mais ne le reproduit pas avec de la peinture. Il se contente de la photographier.

Hiroshi Sugimoto, "The last supper", 1999

Hiroshi Sugimoto, "The last supper", 1999

Le relation peut enfin passer par le visage et sa représentation (grand visage, noir et blanc) pour rendre hommage à une célébrité.

Yang Pei Ming, "Portrait de Giacometti", 2007

Yang Pei Ming, "Portrait de Giacometti", 2007

La quatrième étape de l'exposition s'intitule "Convocations". Les concepteurs de l'exposition s'interrogent : comment l'artiste peut il convoquer une œuvre ? et qu'elles formes utilise t'il ? Rolf Stingel estime que l'artiste doit peindre ou sculpter d'après des photographies.

Rolf Stingel, "Untilted", 2010

Rolf Stingel, "Untilted", 2010

La cinquième étape de l'exposition s'intitule "Réemploi". Les concepteurs de l'exposition montrent de quelle façon l'artiste s'approprie l'objet physique et le modifie. Le travail de l'artiste peut l'amener à la frontière entre l'art et le divertissement.

Maurice Cattelan, "Sans titre", 1998

Maurice Cattelan, "Sans titre", 1998

L'artiste peut aussi s'emparer d'un objet ou d'objets physiques et les modifier en utilisant d'autres matériaux.

David Hammons, "Culture et fusion", 2000

David Hammons, "Culture et fusion", 2000

L'artiste peut aussi détourner le sujet d'un film. Javier Tellez s'empare du film "Jeanne d'Arc" d'Anton Drayer tourné dans les années vingt et le met en parallèle avec un film qu'il a réalisé auprès de patientes dans un hôpital psychiatrique. Ces patientes y exposent leur vies et leurs souffrances comme Jeanne durant son procès.

Javier Tellez, "La passion de Jeanne d'Arc", 2004

Javier Tellez, "La passion de Jeanne d'Arc", 2004

L'artiste peut aussi détourner des affiches publicitaires qui symbolisent le matérialisme de la culture populaire pour mieux les critiquer.

Richard Prince, "Untilted", 2005

Richard Prince, "Untilted", 2005

L'exposition se termine par l'étape "appropriations". L'artiste s'approprie l'œuvre et il n'existe plus de différences entre l'original et la copie. L'appropriation a un côté négatif lorsque l'artiste détourne des images publicitaires qu'il fait fabriquer à la chaîne dans des ateliers en Asie sans se préoccuper du droit d'auteur.

Jonathan Monk

Jonathan Monk

Cependant l'appropriation n'est pas toujours un acte négatif. Dès 1965 Elaine Sturtevant remet en question la notion d'originalité dans l'art et bouleverse le statut d'auteur. Elle recrée, repeint et resculpte les œuvres des grands artistes dont Andy Warhol et ses célèbres Flowers. Elle cherche à ébranler et à brouiller l'histoire de l'art et base ses expositions sur un principe simple : ce que tu vois n'est pas nécessairement ce que c'est. Les USA la répudient car ils ne lui pardonneront pas d'avoir mis un grain de sable dans la machine à produire de la nouveauté sur laquelle se fonde la marché de l'art.

Sturtevant, "Warhol Flowers", 1990

Sturtevant, "Warhol Flowers", 1990

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