De l'expressivité primitive au regard inspiré

par Philippe  -  5 Août 2014, 08:25

nu de Joséphine Baker
nu de Joséphine Baker

Villa Domergue, impasse Fiesole, 06400 Cannes, ouvert uniquement en été, tous les jours de 11 h. à 19 h. jusqu'au 28 septembre 2014, tél. 04.97.06.44.90,

Pour les cinéphiles du monde entier la Villa Domergue représente un lieu incontournable. Il s'agit de l'endroit ou le jury du Festival de Cannes délibère et définit le palmarès quelques heures avant la cérémonie de clôture. Pour les amateurs d'art la Villa Domergue est indissociable du peintre d'origine bordelaise Jean - Gabriel Domergue né en 1889. Il acquiert en 1934 le terrain d'une villa qui s'appelait la Villa Fiesole du nom de l'impasse dans laquelle se trouve l'actuelle Villa Domergue. Il conçoit lui - même la rénovation de la villa et des jardins en s'inspirant des palais vénitiens. Ses plus belles peintures ornent les murs de la villa et les sculptures de se femme Odette Maugendre décorent le jardin. La villa accueillera des fêtes prestigieuses jusqu'au décès du peintre en 1962 et de sa femme en 1973. Un festival de jazz qui se déroule dans les jardins début août fait revivre cet esprit.

Dans la continuité des expositions Picasso ("chefs d'œuvre", "le nu en liberté" collection Marina Picasso) l'exposition "De l'expressivité primitive au regard inspiré" montre le lien qui existe entre l'art premier et la peinture moderne. Jean - Gabriel Domergue est sur les conseils de Toulouse Lautrec, Degas et Boldini l'inventeur d'un nouveau type de beauté féminine : la parisienne. L'exposition à la Villa Domergue se concentre donc sur la représentation du corps de la femme.

Lorsque l'on entre dans le vestibule de la villa on se trouve face à la figure centrale de l'exposition : le nu de Joséphine Baker réalisé de plein - pied par le peintre en 1940. Autour du nu se trouve plusieurs toiles représentant des formes féminines stylisées sur fond rouge, bleu et jaune intitulées "Femme qui marche, hommage à Angela Davis". Le peintre Ladislas Kijno rend hommage au combat d'Angela Davis pour l'émancipation des Afro - américains. Face au portrait de Joséphine Baker qui trône en majesté au milieu de la pièce Angela Davis semble encadrer et continuer l'action de son aînée.

Dans le salon de la villa se trouve une série de pièces de bronze représentant des corps nus de femmes sans têtes réalisées par le sculpteur d'origine tchèque Franta. Il a résidé quinze ans en Afrique et cherche à montrer l'être humain dans son plus simple appareil. Franta estime qu'en Afrique il existe une relation très forte entre le ciel, la terre et les matières.

Deux mètres plus loin le visiteur remarque des statuettes en terre cuite fabriquées à la demande d'Arman. L'artiste phare de l'école de Nice les a ensuite assemblées en étagère pour former "Les Témoins" cinq ans avant sa mort. Cette sculpture est un hommage à l'artiste Louise Nevelson qui rangeait tout dans des cases. En Afrique ces objets ne sont pas exposés dans une vitrine. L'art premier se veut utile. Les jeunes couples se font fabriquer des statuettes pour favoriser la fécondité. Elles sont utilisées lors d'une cérémonie avec un sorcier. Ces objets servent une fois ou deux et sont ensuite jetés ou brûlés.

Il convient enfin de signaler l'important puzzle en terre cuite dans un carré de plexiglas réalisé par Marc Piano. L'artiste associe la terre cuite qu'il considère comme une matière ancestrale au plexiglas qu'il considère comme une matière du XXIe siècle dans des lignes, courbes et contre - courbes.

Jean - Gabriel Domergue "Joséphine Baker", 1940

Jean - Gabriel Domergue "Joséphine Baker", 1940

"Femme qui marche, hommage à Angela Davis", Ladislas Kijno, 1975

"Femme qui marche, hommage à Angela Davis", Ladislas Kijno, 1975

Franta

Franta

Arman, "Les Témoins, 2000

Arman, "Les Témoins, 2000

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