Gilbert and George, Art exhibition

par Philippe  -  25 Août 2014, 08:53

Gilbert and George, Art exhibition

Exposition à la Villa Paloma du 14 juin au 2 novembre 2014, 56 boulevard du Jardin exotique, Principauté de Monaco, ouverte tous les jours de 14 h. à 18 h. et de 11 h. à 19 h. du 1er juin au 30 septembre, tarif = 6 €.

C'est un Américain Edward D. Nickerson qui réunit en 1913 six parcelles de terrain pour faire édifier une villa quartier des Révoires boulevard de l'Observatoire à Monaco. La villa appelée villa Coquette s'élève sur trois étages. La villa est rachetée en 1925 par Robert W. Hudson héritier d'une manufacture de savon liquide. Lorsqu'il se marie en 1932 avec Béatrice Sabina Gaudengio la villa devient la villa Paloma. Très endommagée durant la deuxième guerre mondiale la villa est rachetée par Joseph Fissore en 1950. Il entreprend de grands travaux de restauration, crée une piscine et fait remettre le jardin en état. En 1993 une société anonyme acquiert la villa et la revend en 1995 à l'Etat monégasque qui la dédie au Nouveau Musée National de Monaco.

La villa Paloma accueille jusqu'au 2 novembre deux artistes anglais Gilbert et Georges qui se considèrent comme inclassables mais qui sous des airs de papys tranquilles sont de véritables provocateurs. Gilbert Prausch est né le 11 septembre 1943 dans les Dolomites alors que George Passmore est né le 8 janvier 1942 dans le Davon. Gilbert effectue des études artistiques en Autriche à la "Wolkenstein School of Arts" puis à la "Hollstein School of Arts" et enfin à la "Künst Academie" de Münich. Georges suit aussi des études artistiques en Angleterre à la "Darlington Half College of Art" et à l' "Oxford School of Art". Ils se rencontrent la première fois le 25 septembre 1967 en étudiant la sculpture à la "Saint Martin School of Arts". L'exposition "Art Exhibition" comprend des œuvres historiques ou non issues d'une collection privée familiale basée à Monaco.

Gilbert et George sont des artistes de performance. Ils n'utilisent jamais ce terme car ils estiment qu'il peut faire peur à ceux qui ne sont pas habitués à l'art contemporain. L'art performance trouve son origine dans les courants artistiques de la première moitié du XXe siècle comme le futurisme, le dada, le surréalisme ou l'école du bauhaus. L'art performance s'inspire de tous les secteurs de l'activité humaine (économique, politique, artistique, sociologique) dont il brouille les frontières et mixe les catégories.

Gilbert and George "Bloody life", 1971

Gilbert and George "Bloody life", 1971

Gilbert et George habitent depuis plus de quarante ans dans le même quartier populaire bangladais de d'East London. Ce quartier avec son environnement mélangé et tonique exerce sur eux une très grande influence. Ils ne censurent rien de ce que la ville rejette (salives, excréments, sécrétions). Ils photographient tout en rangent ensuite de façon méticuleuse les photos dans de grandes boites afin de les utiliser pour leurs futurs tableaux. Longtemps les gens ont été étonnés de les voir habiter ce quartier mais depuis qu'il est branchés ces mêmes gens s'étonnent de les voir rester. Il est vrai que Gilbert et George paraissent anachroniques avec leurs complets parfaitement taillés, leurs souliers lustrés et leurs cravates assorties.

Gilbert and George, "Bloody life", 1972

Gilbert and George, "Bloody life", 1972

Les matériaux de base de l'art performance sont les corps, le temps et l'espace. Très fauchés au début Gilbert et Georges ont l'idée de se servir d'eux - mêmes pour devenir matière ou support de leurs travaux. Ils se considèrent comme des sculptures vivantes et ne fixent aucune limite dans la représentation de leurs corps au risque de choquer. Ils estiment en effet que les idées de sacrifice et d'investissement personnel sont les conditions de base de la pratique artistique. Ils affirment également montrer les objets qui les entoure sans les juger.

Gilbert and George, "Our", 1988

Gilbert and George, "Our", 1988

L'art perfomance est un art éphémère qui laisse peu d'objets derrière lui. Cet art privilégie les traces (photographies, films, enregistrements et témoignages sonores). Le format de prédilection de Gilbert et George est le grand quadrillage. Une photographie carrée ou rectangulaire divisée en sections qui devient un champ homogène de signes et d'images. Ils utilisent des couleurs vives ou des monochromes pour instaurer une atmosphère poignante.

Gilbert and George, "Coloried Friends", 1982

Gilbert and George, "Coloried Friends", 1982

Gilbert et Georges pensent que toute chose peut devenir le sujet d'une œuvre. Ils abordent toutes les problématiques sociales sans aucun tabou. Dans les années 1970 la série des "Bloody Life" dénonce l'abjection de la violence individuelle et collective. La couleur rouge sang et l'imagerie monochrome des passants ainsi les artistes représentés dans des costumes sombres montre un monde sinistre et déséquilibré.

Gilbert and George, "Bloody Life", 1976

Gilbert and George, "Bloody Life", 1976

Dans les années 1980 ils s'intéressent aux interdits fixés par les religions et affirment preuves à l'appui (guerres de religions d'hier et d'aujourd'hui), qu'au nom de Dieu les croyants martyrisent tous ceux qui s'élèvent contre les lois édictés par les cultes quels qu'ils soient. Dans un interview George cite avec malice une anecdote révélatrice. Un prêtre vient chez eux à East London et achète une de leurs œuvres. Avant de partir il les remercie et leur dit "Ceux qui fréquentent mon église sont pieux et pratiquants. Pour ma part je préférerais qu'ils soient bons".

Gilbert and George, "Black Jesus", 1980

Gilbert and George, "Black Jesus", 1980

Depuis les années 1990 Gilbert et George évoluent vers une cosmologie visionnaire dans la lignée de William Blake qu'ils explorent au gré de la nature, de l'alcool, des rues, des immeubles délabrés et des gens.

Gilbert and George, "Akimbo", 2005

Gilbert and George, "Akimbo", 2005

Gilbert et George exercent un contrôle sur les œuvres qu'ils vont exposer et sur le lieu ou elles seront exposées. Ils réalisent une maquette représentant le lieu d'exposition et définissent à l'avance la manière dont leurs œuvres vont être exposées. Pour l'exposition de la villa Paloma ils ont estimé que la superficie des salles est trop exiguë. Ils ont donc choisi l'emplacement des œuvres en fonction de la hauteur des salles.

Gilbert and George, "Two tongues", 1980

Gilbert and George, "Two tongues", 1980

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