Caricaturistes, fantassins de la démocratie

par Philippe  -  8 Septembre 2014, 10:09

Caricaturistes, fantassins de la démocratie

Documentaire de Stéphanie Valloato, scénario de Stéphanie Valloatto et Radu Mihaïleanu, producteur Radu Mihaïleanu et Cyrille Blanc, Oï Oï production, Cinextra production, EuropaCorp distribution, avec Plantu, Michel Kichka, Nadia Khiari, Lassane Zohoré, Pi San, Rayma Suprani, sélection officielle long métrage hors compétition au Festival de Cannes 2014, 1 h. 46 mn.

Le documentaire réalisé par Stéphanie Valloato est le résultat de deux faits. Tout d'abord de l'amitié entre l'un des producteur Radu Mihaïleanu et le dessinateur Plantu qui croque l'actualité pour le journal le Monde depuis quarante ans. Ensuite d'une rencontre entre Plantu et l'ex Secrétaire général de l'ONU et prix Nobel de la paix Kofi Annan en 2006 pour le colloque "Désapprendre l'intolérance" organisé au siège social de l'organisation à New - York. Plantu créera après cela le réseau "Cartoonists for peace" destiné à soutenir les dessinateurs de presse dans le monde et qui regroupe cent neuf membres dans quarante six pays.

Plantu et Lassane ZohorePlantu et Lassane Zohore

Plantu et Lassane Zohore

Dès le début du documentaire la dessinatrice de presse d'origine vénézuélienne Rayma Suprani donne le ton. Pour elle les dessinateurs sont "des soldats dont les armes sont des crayons". Ces soldats s'attaquent avec leurs caricatures aux différents tabous des sociétés. Ces tabous peuvent être liés à la cultures ou aux traditions des pays ou ils habitent. Ces tabous peuvent aussi être liés au pouvoir politique en place ou au pouvoir économique et financier qui influence les pays développés ou les pays en voie de développement.Les dessinateurs de presse sont unis "autour d'une notion universelle : celle de la liberté d'expression" explique la tunisienne Nadia Khiari. Leur langage est celui de 'l'humour et du mauvais esprit" renchérit l'Ivoirien Lassane Zohore.

Cependant les dessinateurs de presse s'exposent en raison de leur liberté de ton à des sanctions qui varient selon que le pays ou ils exercent est une démocratie ou un régime autoritaire. Dans un régime autoritaire le pouvoir en place ne tolère pas d'être tourné en dérision. Ainsi la Vénézuélienne Rayma Suprani et le Chinois Pi San reçoivent régulièrement menaces de mort lorsqu'ils ont exercent leur métier. En Europe les dessinateurs de presse sont peu inquiétés mais une certaine censure existe encore comme le dénonce Plantu. L'éditeur Bayard a refusé de publier le livre du film en raison d'un dessin de Plantu sur la pédophilie dans l'Eglise et a envoyé 9000 exemplaires du livre au pilon. Finalement l'éditeur Actes Sud publiera le livre. La projection du documentaire durant le Festival de Cannes va permettre aux dessinateurs de presse de faire connaître leurs idées comme le souligne l'Israëlien Michel Kichka et aussi grâce à la couverture médiatique de se protéger contre toutes les menaces.comme l'espère la Vénézuélienne Rayma Suprani.

Michel Kichka, Rayma SupraniMichel Kichka, Rayma Suprani

Michel Kichka, Rayma Suprani

La réalisatrice dresse un portrait assez exhaustif de la place du dessinateur de presse dans le monde. Elle s'appuie sur une équipe technique réduite de cinq personnes (réalisatrice, chef opérateur, ingénieur du son, assistant, monteur) pour tourner le quotidien des dessinateurs. Elle a sélectionné douze dessinateurs parmi les membres du réseau "Cartoonists for peace" qu'elle estime les plus représentatifs parmi ceux qui doivent affronter les problématiques modernes comme les dictatures, les pressions économiques ou les mafias. Cependant elle a oublié dans son choix de mentionner ou d'intégrer à son casting les dessinateurs de certains journaux français comme "Charlie Hebdo", "Siné Mensuel" et le "Canard Enchainé". Ces dessinateurs combattent les intégrismes depuis de nombreuses années et défendent la liberté d'expression. On peut entre autre mentionner la une de Charlie Hebdo et le titre "Mahomet débordé par les intégristes, c'est dur d'être aimé par des cons". La réalisatrice aurait - elle cédé au politiquement correct ?

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