Les belles endormies

par Philippe  -  6 Octobre 2014, 09:03

Les belles endormies

Musée Bonnard, 16 boulevard Sadi Carnot, 06110 Le Cannet, tél. 04.93.94.06.06, ouvert de 10 h - 20 h / Nocturne le jeudi jusqu'à 21 h, de 10 h - 18 h à partir du 1er octobre / Nocturne le jeudi jusqu'à 20 h. Le musée est ouvert du mardi au dimanche et fermé le lundi, plein tarif : 7 €, tarif réduit : 5 €.

Ouvert le 25 juin 2011 au Cannet le Musée Bonnard est le premier dédié au peintre figure marquante du XIXe et du XXe siècle. Le Cannet est un lieu incontournable pour Pierre Bonnard à l'instar de Giverny pour Claude Monnet ou de Nice pour Matisse. En 1926 il achète la villa le Bosquet classée depuis le 26 mars 2007 aux monuments historiques et vient y résider avec Marthe sa femme. Cette villa dépourvue de caractère est une maison à deux niveaux avec un toit à deux pentes en tuiles entourée d'un jardin botanique. Il passera plus de vingt deux ans dans cette villa et y peindra ses tableaux les plus inspirés selon les spécialistes. Il bénéficie du statut de musée de France en décembre 2006 sur la base de son projet culturel de scientifique et une convention de partenariat a été signée en mai 2012 avec les musées de Giverny et de l'Orangerie. Les œuvres de Pierre Bonnard qui sont exposées de façon permanentes ont été réalisées durant la période Nabi du peintre. Il appartenait à ce mouvement qui durant un court laps de temps à la fin du XIXe siècle a voulu donner une âme à la peinture en s'inspirant de philosophies et de doctrines teintées d'orientalisme, d'ésotérisme et de théosophie. Grâce à un réseau de mécènes au premier rang desquels figure la Fondation Mayer pour le développement culturel et artistique la collection s'enrichit d'œuvres nouvelles.

La direction du musée organise également une ou deux expositions temporaires par an. Cette année l'exposition prend pour thème central celui de la femme endormie. Sur la cinquantaine de toiles exposées la femme dort et l'homme crée. Les artistes ont toujours aimé travailler ainsi et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord il est plus facile pour une modèle de poser allongée sur un lit ou assise sur un divan que sur un tabouret. Le modèle relâchera ses muscles plus facilement et prendra la pose plus longtemps. Ensuite le sommeil et la nudité vont de pair.

Pablo Picasso "Femme couchée", 1932

Pablo Picasso "Femme couchée", 1932

Picasso introduit l'exposition et il montre le véritable enjeu de la situation. Dans le tableau "Femme couchée" peint en 1932 le Minotaure profite du sommeil de la femme pour dévoiler sa nudité et la caresser. De la surprise à la possession le passage et bref est souvent violent. L'érotisme continue à se dévoiler mais de façon plus retenue et moins violente dans les toiles de Kees Van Dongen "La nuit" (1922) et Henri Lebasque "Villa Dernière, Saint - Tropez".

Kees Van Dongen "La nuit" (1922), Henri Lebasque "Villa Dernière, Saint - Tropez"Kees Van Dongen "La nuit" (1922), Henri Lebasque "Villa Dernière, Saint - Tropez"

Kees Van Dongen "La nuit" (1922), Henri Lebasque "Villa Dernière, Saint - Tropez"

Beaucoup de ces toiles font penser à une situation post - coïtum. "L'indolente" peinte par Pierre Bonnard en 1899 est le parfait exemple. Le visiteur voit une femme nue et sur le dos avec ses jambes écartées et les draps en désordre. Il est alors difficile de ne pas y voir des scènes de la vie intime de l'atelier entre le peintre et son ou ses modèles. Ici la comparaison avec le tableau "L'origine du monde" peint par Gustave Courbet en 1866 est tentant. Courbet offre par ce tableau une version plus moderne et plus radicale de la vie intime de l'atelier.

Pierre Bonnard "L'indolente" (1899), Gustave Courbet "L'origine du monde" (1866)Pierre Bonnard "L'indolente" (1899), Gustave Courbet "L'origine du monde" (1866)

Pierre Bonnard "L'indolente" (1899), Gustave Courbet "L'origine du monde" (1866)

L'érotisme peut aussi se trouver dans des petites touches de couleurs ou des détails comme le montre le tableau intitulé "Femme endormie" peint par Pierre Bonnard en 1928. Ce tableau peu connu issu d'une collection américaine (Brandon Prescott gallerie) montre une jeune fille vêtue d'une robe jaune appuyée sur le poignet gauche replié. La courbe de ses seins et le reflet de sa peau incitent l'esprit à vagabonder.

Pierre Bonnard "Femme endormie" (1928)

Pierre Bonnard "Femme endormie" (1928)

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