Staël, la figure à nu, 1951 - 1955

par Philippe  -  29 Décembre 2014, 11:42

Staël, la figure à nu, 1951 - 1955

Musée Picasso, Château Grimaldi, Place Mariejol 06600 Antibes, ouvert tous les jours sauf les lundis, fermé le 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et le 25 décembre, horaires : du 16 septembre au 14 juin de 10h à 12h / 14h à 18h, et du 15 juin au 15 septembre de 10h à 18h, nocturnes en juillet et août le mercredi et le vendredi jusqu'à 20h, tarif : 6€ réduit : 3€, gratuit le 1er mardi consécutif au 1er novembre au dimanche suivant, du premier mardi de février au dimanche suivant la "Nuit des musées" et les "Journées du patrimoine" du 17 mai 2014 au 4 janvier 2015.

Le musée Picasso occupe le château Grimaldi d'Antibes. Fondé sur l'ancienne acropole de la ville grecque d'Antipolis le château est construit sur des soubassements qui datent de l'époque romaine. Il conserve une partie des façades de l'édifice romain sur une hauteur de 3 à 5 mètres. La ville d'Antibes appartenait à la famille de Grasse jusqu'au XIIIème siècle avant d'appartenir aux évêques d'Antibes et de Grasse. La tour se trouvant dans le château a été construite à la fin du Xième siècle et c'est un témoin du castrum antipolitain. Elle culmine à 25 mètres de hauteur. La porte primitive était surmontée d'un linteau. La porte d'entrée du château était située en hauteur pour permettre l'accès au premier étage par une échelle mobile. La salle du rez - de - chaussée était aveugle et uniquement accessible par une ouverture dans le plancher du premier étage. On accédait au deuxième étage par un escalier. Le château est occupé en 1385 par une branche de la famille génoise des Grimaldi. En 1608 le roi Henri IV acquiert le fief au profit de la couronne de France. Les Grimaldi s'installent au château de Cagnes - sur - mer et le château d'Antibes devient la propriété du gouverneur du roi puis l'hôtel de ville à partir de 1792. Le bâtiment devient une caserne en 1820 jusqu'en 1924.

Professeur de français, grec et latin au lycée Carnot de Cannes Romuald Dor de la Sauchère commence en 1923 des recherches archéologiques. Le 29 mars 1924 il crée la Société des Amis du musée d'Antibes dont 'objet est de fonder un musée historique et archéologique et de faire connaitre le passé de la région. En 1925 la ville rachète le château à l'armée, le classe en entreprend des travaux de rénovation. Le château devient le musée Grimaldi et Romuald Dor de la Sauchère devient son premier conservateur. En 1946 il propose à Picasso qui s'était déjà rendu sur les lieux en septembre 1945 d'utiliser une partie du château comme atelier. Picasso accepte et va immédiatement enrichir le musée avec ses œuvres. Il laisse en dépôt 23 peintures et 44 dessins (dont "satyre", "la femme aux oursins", "nature morte à la chouette et aux trois oursins", "la chèvre",...). En 1948 il donne 78 céramiques provenant de l'atelier de Vallauris. Le 27 décembre 1966 le château Grimaldi devient le musée Picasso et Picasso reçoit en 1967 le titre de "citoyen d'honneur de la ville d'Antibes".

Paysages peints par Nicolas de StaëlPaysages peints par Nicolas de Staël

Paysages peints par Nicolas de Staël

A l'occasion du centenaire de la naissance de Nicolas de Staël le musée Picasso organise en collaboration avec le Comité Nicolas de Staël une exposition dédiée au nu et à la figure dans son œuvre. De 1951 à sa disparition en 1955 l'artiste renoue avec l'étude du nu et de la figure féminine que l'exposition illustre en rassemblant un certain nombre de ses peintures. Cette exposition constitue avec l'exposition "Nicolas de Staël, lumières du nord, lumières du sud" du musée d'art moderne André Malraux du Havre l'un des deux volets français de cette commémoration.

Nicolas de Staël est un peintre français né le 5 janvier 1914 à Saint - Pétersbourg en Russie et mort le 16 mars 1955 à Antibes en France. Il appartient à la branche cadette de la famille Holstein - Staël. Sa carrière s'étale sur quinze ans (1940 - 1955) à travers de plus d'un millier d'œuvres influencées par Matisse, Cézanne, Van Gogh, Soutine, les fauves mais aussi Rembrandt et Vermeer. Refusant les étiquettes et les courants comme Georges Braque sa peinture est en constante évolution. Des couleurs sombres de ces débuts ("Ports dans ports",1946) elle aboutit à une exaltation de la couleur ("Grand nu orange", 1953). Ses traits se caractérisent par d'épaisses couches de peinture superposées et un important jeu de matières passant des empâtements au couteau à une peinture plus fluide. Son style qu'il qualifie d'évolution continue se classe dans différentes écoles : l'école de Paris, les abstraits, l'art informel, le new formalisme new - yorkais et l'expressionnisme abstrait de l'école new - yorkaise.

Nicolas de Staël "Etude de nu", 1952,1953

Nicolas de Staël "Etude de nu", 1952,1953

En ce début des années 1950 tout semble sourire à Nicolas de Staël. Le 26 mars 1952 il assiste au match de football France / Suède et laisse éclater ensuite son enthousiasme. Sa peinture devient plus colorée mais il se heurte au tenants de l'art abstrait qui l'accusent d'être un traitre. Un marchand d'art new - yorkais Paul Rosenberg l'impose sur le marché américain. Paul Rosenberg est quelqu'un auquel les amateurs d'art font confiance. Ils achètent les toiles pour les conserver dans leurs collections ou en faire don à des musées. Paul Rosenberg lui propose un contrat d'exclusivité et organise une exposition à New - York le 8 février 1954 qui sera un succès. Il trouve une nouvelle source d'inspiration dans la musique. Il découvre ce qu'il appelle la "couleur des sons" et s'intéresse à la musique contemporaine (Boulez, Massien, Albéniz) et au jazz. Il décide enfin de s'atteler à un thème qu'il n'a jamais abordé dans sa peinture : le nu. Le nu est le thème le plus ancien de la peinture. Il entreprend cette mue car il éprouve une violente passion pour Jeanne Mathieu une femme qu'il a rencontré sur la Côte d'azur en 1951.

Nicolas de Staël loue un appartement à Antibes pour être plus prés de Jeanne mais ou il vit seul sans sa famille. Il y installe son atelier et se met au travail avec ardeur. Il veut tout casser et ne peindre que des nus. Il n'utilise plus la même technique pour peindre. Il ne peint plus en pâtes épaisses mais il dilue les couleurs. Il abandonne le couteau et les spatules pour du coton et des tampons avec lesquels il étale ses couleurs. Cependant sa relation avec Jeanne n'est pas simple. Pour la première fois de sa vie il aime plus qu'il n'est aimé. Jeanne sert de modèle dans "Jeanne, nu debout" (1954) et "Nu Jeanne" (1954). Elle y apparaît telle une silhouette vaporeuse émergeant d'une brume de couleurs tendres. Elle apparaît également dans "Nu couché" (1954). Tous ces nus sont intitulés de différente manière, certains ne sont pas datés ou postdatés et même non signés pour certains. Nicolas de Staël vit une période de tension extrême. Son marchand d'art lui recommande de freiner sa production et les critiques artistiques ne sont pas tendre sur l'évolution de sa peinture. Il pense trouver du réconfort auprès de Jeanne mais cette dernière qui est déjà mariée lui fait comprendre qu'il veut rompre. Perdu Nicolas de Staël écrit plusieurs lettres et se suicide le 16 mars 1955.

Nicolas de Staël "Grand nu couché" et "Etudes de nus" (1954)Nicolas de Staël "Grand nu couché" et "Etudes de nus" (1954)

Nicolas de Staël "Grand nu couché" et "Etudes de nus" (1954)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :