Andres Serrano, Ainsi soit - il

par Philippe - 20 Avril 2015, 06:34

Exposition au Musée de Vence, Fondation Emile Hugues, Collection Lambert musée d'art contemporain, 2 place du Frêne, 06140 Vence, du 22 mars au 10 juin 2015, ouvert du mardi au dimanche, entrée = 8 €, tél. 04.93.58.15.78.

Le château de Villeneuve devenu Musée de Vence propose de présenter des cycles longs consacrés à un artiste. Le photographe américain Andres Serrano inaugure cette nouvelle série. Né le 15 août 1950 à New - York d'une famille originaire du Honduras et de Haïti il reçoit dans son enfance un éducation catholique que l'on retrouve plus tard dans ses oeuvres. Il effectue entre 1967 et 1969 des études à la Brooklyn Museum Art School. Durant ses études son talent artistique s'affirme mais il doit attendre 1985 pour que sa première exposition importante se tienne à New - York.

Andres Serrano commence une carrière internationale qui va le faire connaitre dans le monde et lui permettra d'exposer ses clichés dans la plus grands musées. Cependant il faut attendre plusieurs années avant qu'il soit exposé en France. Le galeriste et collectionneur parisien Yvon Lambert découvre ses photographies et en intègre certaines dans sa collection. Il apprécie le rapport très fort entre l'artiste, la culture et l'art ancien. Sur proposition du maire de Vence le galeriste accepte de faire profiter les habitants et les amateurs des plus beaux clichés de sa collection.

L'exposition se compose d'une grande rétrospective de ses premiers travaux du début des années quatre - vingt jusqu'à ses toutes dernières séries de clichés. Le visiteur peut admirer les séries des Flus, des churchs, des nomads, du kkk, de la comédie française et celle réalisée sur la chapelle Matisse de Vence. L'oeuvre d'Andres Serrano traite des problèmes sociaux contemporains comme la religion et le sexe et de ce fait l'artiste traine dans son sillage une réputation sulfureuse.

Andres Serrano, "Eros et psyché", (1987) et "The church, soeur Yvette", (1990).

Andres Serrano essaye toujours de photographier la réalité c'est à dire ce qu'il voit dans son viseur. Il utilise son appareil photo comme un artiste utilise son pinceau. Quelquefois ce travail est difficile à effectuer. Lorsqu'il photographie le série "Morgue" en 1991 il se rend à la morgue de New - York et l'odeur des cadavres en décomposition l'indispose. Mais il réalise ses clichés en s'inspirant des peintres de la Renaissance comme Léonard De Vinci ou des grands peintres du XIXème siècle comme Géricault et son célèbre "Radeau de la Méduse".

Cet intérêt pour la réalité l'amène aussi à rencontrer des gens peu recommandables comme les membres du kkk. Ils tenaient devant lui des propos particulièrement abjects sur les minorités qui ont choqué Andres Serrano mais ne l'ont pas détourné de son objectif : montrer les racistes tels qu'ils sont.

Andres Serrano ressent à la fois un profond engagement et un certain détachement lorsqu'il travaille. Il photographie avec un appareil qui n'est pas un appareil numérique posé sur un trépied et ne laisse rien interférer entre le sujet et lui. Dans la série "Nomad" exposée au Musée Royal de Bruxelles il photographie des clochards dans la rue au milieu du trafic et du va - et -vient en se concentrant uniquement sur son sujet.

Andres Serrano, "Immersion, Piss Christ", (1987) et, "Anarchy (Celebrity)", (2012).

Andres Serrano refuse de mourir pour des idées et apparaît comme quelqu'un de doux et de pacifique. Cependant certains critiques d'art, les médias et les politiques considèrent qu'il est sulfureux. Il traine cette réputation depuis 1987 et la fameuse photo intitulée "Immersion, Piss Christ" qui ne figure pas dans l'exposition. Cette photo touche un domaine ultra sensible que les galeristes et les artistes refusent aujourd'hui d'aborder pour éviter les représailles sanglantes de certains déments : la religion. La photographie se compose d'un petit crucifix (49, 7 cm. de haut sur 40 cm. de large, éclairée par une lumière et que l'artiste affirme avoir immergé dans un verre rempli d'urine et de sang. Andres Serrano veut montrer les souffrances du christ (le sang) et dénoncer ceux qui profitent de son enseignement à des fins mercantiles.

Aux Etats - Unis la photo entraine une violent polémique. Les conservateurs et l'extrême droite (tea party) n'admettent pas que l'on critique la religion car le pays est très croyant. Ils s'offusquent également que l'artiste reçoive une bourse (la National Endowement for the Art Grant). La polémique s'accentue davantage lorsque l'artiste reçoit un prix du Southwestern Center from Contemporary Art (SECCA). Les sénateurs Helms et D'Amato mènent les attaques. Cependant Andres Serrano va recevoir un soutien inattendu en la personne de soeur Wendy Beckett (religieuse et critique d'art) qui estime que la photo représente ce que la société a fait au christ.

Les opposants à Andres Serrano vont chercher à détruire sa photo. Des membres de l'extrême droite vandalisent la photo lors d'une exposition à la National Gallery of Victoria à Melbourne en 1997 et aussi lors d'une exposition dans une galerie suédoise en 2007. Cette affaire va connaître un tournant inattendu en 2010 en France. Une exposition intitulée "Je crois aux miracles" se tient entre le 12 décembre 2010 et le 8 mai 2011 à l'Hôtel de Caumont à Avignon . Les mouvements proches de l'extrême droite (civitas) et quelques hommes politiques s'attaquent d'abord verbalement (tribune de Jean Berger dans le Monde du 26 avril 2011) puis physiquement (oeuvres vandalisées par des individus armés de couteaux et d'objets contondants, gardiens de l'exposition agressés). De nombreuses personnalités dont le ministre de la culture en exercice apportent leur soutien à l'exposition et l'artiste porte plainte.

Andres Serrano, "Domino Players", (2012), et "Picture on Fidel", (2012).

Intime Conviction - artetcinemas.over-blog.com

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http://artetcinemas.over-blog.com/2014/07/intime-conviction.html

Jean Dubuffet - Witold Gombrowicz, correspondance - artetcinemas.over-blog.com

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La grâce du trait, la force des couleurs - artetcinemas.over-blog.com

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