De Chagall à Malevitch : la révolution des avant - gardes

par Philippe  -  10 Août 2015, 15:53

De Chagall à Malevitch : la révolution des avant - gardes

Exposition au Grimaldi Forum Monaco, 10 avenue Princesse Grace, MC 98000 Monaco, de 10h à 20h tous les jours, nocturnes le jeudi jusqu'à 22h, visites commentées les jeudis et dimanches à 14h 30 et 16h 30.

L'exposition qui se tient au Grimaldi Forum évoque un mouvement qui a dominé la vie artistique russe de la Belle époque (début du XXème siècle) jusqu'à l'avènement du stalinisme (années 1930). Financés par de riches marchands (Sergueï Chtchoukine et Ivan Morozov) les artistes se sont tous inspirés des Loubki (singulier Loubka). Il s'agit d'images populaires russe le plus souvent des xylographies coloriées à la main représentant des scènes allégoriques et satiriques de la vie russe. Les artistes de l'avant - garde russe appréciaient leur esthétique expressive et leurs couleurs vives.

Deux artistes dominent cette avant - garde artistique : il s'agit de Marc Chagall et de Kazimir Malévitch. Les styles de ces deux artistes s'opposent car leur vision de l'art diverge. Les courants de l'avant - garde russe se rangeront tantôt derrière Chagall (néo - primitivisme, rayonnisme, cubo - futurisme) tantôt derrière Malévitch (suprématisme, constructivisme). Cette opposition sera également une opposition entre deux capitales (Saint - Pétersbourg et Moscou) qui sont influencées par l'Occident pour Saint - Pétersbourg et par l'Orient pour Moscou.

Marc Chagall, "La musique", (1920)

Marc Chagall, "La musique", (1920)

Marc Chagall est né à Vitebsk en 1887. Il étudie l'art à l'école de Youri Pen puis poursuit ses études à Saint - Pétersbourg. Après ses études il voyage à Paris et en Allemagne. Il n'adhère à aucune école mais son art présente des points communs avec le surréalisme et le néo - primitivisme. Comme les néo - primitiviste il s'intéresse à l'art brut et aux Loubki mais conserve une approche ludique de la peinture (théâtre juif).

Lorsque les bolchéviks prennent le pouvoir il devient commissaire des Beaux - Arts à Vitebsk et s'oppose à l'approche plus radicale de Kazimir Malévitch. Malévitch est un autodidacte formé au dessin industriel entre 1902 et 1904. Il invente le "suprématisme" du latin "supremus" (le plus haut) dont l'emblème est le quadrangle noir (un carré noir sur fond blanc). La volonté de Malévitch et des artistes appartenant au suprématisme ou qui se reconnaissent dans sa peinture (Matiouchine) est d'aller aux limites de la représentation figurative, d'atteindre "le zéro des formes" et de créer un art à la limite du néant.

Kazimir Malévitch, "Le carré noir", (1915)

Kazimir Malévitch, "Le carré noir", (1915)

L'opposition entre Chagall et Malévitch tourne à l'avantage du second. Les autorités soviétiques révoquent Chagall de son poste de commissaire et il quitte définitivement la Russie en 1922 après avoir peint le décor pour le théâtre juif de Moscou. Il obtient la nationalité française en 1937 et se fixera définitivement en France. Cependant le triomphe de Malévitch sera de courte durée.

Malévitch et les membres du suprématisme prolongent le rejet de la représentation figurative à travers le constructivisme. Le constructivisme proclame la mort de la peinture au profit d'un art industriel qui se décline dans plusieurs domaines : livres, affiches, design, architecture, textile théâtre.

Kazimir Malévitch, "Cercle noir sur fond blanc", (1925)

Kazimir Malévitch, "Cercle noir sur fond blanc", (1925)

La courte parenthèse des avant - gardes russe (20 à 30 ans) sera définitivement close avec l'arrivée au pouvoir de Staline et le suicide désespéré du poète Maïakovski (avril 1930). Staline n'apprécie pas l'art et il instaure le culte de la personnalité. Les artistes doivent peindre uniquement sa personne et glorifier sa politique. Malévitch est rejeté par le pouvoir soviétique. La presse stigmatise ce qu'elle appelle "son subjectivisme" et le qualifie de "rêveur philosophique". Malévitch perd son poste de commissaire aux Beaux - Art ou il avait remplacé Chagall. Il est emprisonné et torturé et décèdera un an avant le déclenchement des purges orchestrées par Staline. Tous les artistes issus de cette avant - garde seront soit emprisonnés ou devront quitter la Russie.

Kazimir Malévitch, "La croix noire", (1921)

Kazimir Malévitch, "La croix noire", (1921)

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