Hommage à Arman

par Philippe  -  1 Mars 2016, 07:53

Hommage à Arman

Exposition au Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain, place Yves Klein, 06000 Nice, de 10h à 18h, fermé le lundi, tél. : 04.97.13.42.01

L'oeuvre d'Arman tourne autour de l'objet. Il veut donner un statut à l'objet et il utilise pour cela des objets manufacturés qui entre ses mains deviennent les prolongements multiples et infinis de la main de l'homme. Arman collectionne de façon passionnée les objets usuels (montres, armes, stylos). Il sera également considéré comme un éminent spécialiste de l'art africain traditionnel. Après avoir étudié à l'Ecole des Arts Décoratifs de Nice (la future Villa Arson) Arman rencontre Yves Klein et Claude Pascal. Il fera partie avec Yves Klein et Claude Pascal des artistes qui signeront en octobre 1960 "le manifeste du nouveau réalisme" qui propose de nouvelles approches perspectives du réel.

Arman "Allures aux bretelles" (1959), et les nouveaux réalistes,Arman "Allures aux bretelles" (1959), et les nouveaux réalistes,

Arman "Allures aux bretelles" (1959), et les nouveaux réalistes,

Arman s'intéresse au rapport que les sociétés modernes entretiennent avec l'objet. Il distingue trois étapes : la production de l'objet, la consommation voir la surconsommation de l'objet et la destruction de l'objet. Arman aborde la production de l'objet avec sa première exposition en 1955. Cette période qualifiée de cachets et allures commence lorsque l'artiste influencé par la peinture non figurative de de Staël découvre Jackson Pollock. Il abandonne le pinceau pour le tampon et réalise des toiles par répétition de gestes. Ces répétitions se font selon un certain mouvement et selon une certaine vitesse. Il affine la notion de cachet en y introduisant la notion d' allures qui représentent des empreintes d'objets détournés de leur usage premier.

Arman "Accumulation Renault" (1968), et Arman "Sans titre (coupe de violoncelle)" (1962).Arman "Accumulation Renault" (1968), et Arman "Sans titre (coupe de violoncelle)" (1962).

Arman "Accumulation Renault" (1968), et Arman "Sans titre (coupe de violoncelle)" (1962).

Arman aborde ensuite la notion de consommation voir de surconsommation dès 1959 avec la période des accumulations. Arman met en avant la logique quantitative liée à la production. Les objets sont produits en grande quantité mais pris individuellement ou collectivement ils ne représentent aucune valeur. Arman réalise des accumulations planes ou en volume dans lesquelles il utilise différents matériaux (résine, polyester, béton, bronze).

Arman cherche également à désacraliser les objets à travers les coupes. Il effectue des coupes scientifiques de moulins à café, d'instruments de musique voir d'icônes de l'art occidental qu'il recolle ensuite dans un désordre fouillé pour montrer leur essence. Ces coupes se feront plus fréquentes dans les cinq dernières années de sa vie.

Arman "Colère" (1961) et Arman "Poubelle MAT, serie 87 sec" (1964).Arman "Colère" (1961) et Arman "Poubelle MAT, serie 87 sec" (1964).

Arman "Colère" (1961) et Arman "Poubelle MAT, serie 87 sec" (1964).

Arman conclu le cycle avec la destruction de l'objet dans la période des colères puis des poubelles. Arman détruit des objets de façon méthodique et désacralisée durant des performances artistiques filmées par des caméras. Ces performances s'échelonnent de 1961 avec la destruction de meubles Henri II jusqu'en 2001 avec la série des "conscious vandalism". La destruction s'effectue en respectant une certaine gestualité empruntée aux arts martiaux qui permet un défoulement poétique, brutal et merveilleux.

L'objet détruit finit ensuite dans une poubelle. Dès 1959 Arman inaugure la période des poubelles ou il expose les déchets, les ordures ménagères et les détritus. Il vide le contenu d'une poubelle dans une boite en plexiglas pour dresser le portrait de celui auquel appartenait les objets et pour figer le temps dans lequel il vivait. Arman amasse et présente des détritus en octobre 1960 dans la galerie d'Iris Clert pour l'exposition "le plein" qui répond à celle d'Yves Klein "le vide". Arman continuera à arpenter les rues avec un sac pour le remplir de détritus qu'il stockera dans les bocaux de la marque "le parfait" (1970, 1972).

Arman "Tulipe" (2001)

Arman "Tulipe" (2001)

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