Dans le respect des traditions

par Philippe  -  30 Août 2017, 07:00

Dans le respect des traditions

Exposition Eduardo Arroyo à la Fondation Maeght du 1er juillet au 19 novembre 2017, ouverte tous les jours de 10h à 19h (juillet - septembre) et de 10h à 18h (octobre - juin), 623 chemin des gardettes, 06570 Saint - Paul - de - Vence, tél. : 04.93.32.81.63, ticket (plein tarif) : 15 €.

 

Le peintre espagnol Eduardo Arroyo manie un humour corrosif et irrévérencieux proche de l'ironie. Eduardo Arroyo adore la boxe et en épouse les codes. Dans ses peintures il attaque car il abhorre la neutralité et cette agressivité lui permet de dénoncer l'hypocrisie. Né en 1937 à Madrid dans une famille dont le père est phalangiste Eduardo Arroyo se distingue par un esprit rebelle. A vingt ans il travaille comme caricaturiste et s'initie à la peinture mais il décide de s'exiler en France car il n'apprécie pas le franquisme. Lorsqu' Eduardo Arroyo arrive à Paris il rejoint les artistes de la Nouvelle Figuration. Ces artistes développent un esprit frondeur pour traiter avec insolence les sujets les plus graves.

Eduardo Arroyo ''Les quatre dictateurs'' (1963)

Eduardo Arroyo ''Les quatre dictateurs'' (1963)

Dans le polyptique "les quatre dictateurs" réalisé en 1963 Eduardo Arroyo montre l'étendue de son talent. Il représente Mussolini, Hitler, Franco et Salazar de manière grotesque et sans visage. Seul un drapeau derrière chaque dictateur permet de définir  sa nationalité. Eduardo Arroyo utilise un symbole qu'il place dans le visage du dictateur pour dénoncer ces régimes. Dans la figure de Hitler figure un fil de fer et dans celle de Franco figure un bombardement. Ce tableau provoque une crise diplomatique avec l'Espagne et le ministre de la culture de l'époque André Malraux doit en cacher certaines parties. Eduardo Arroyo participe à la fondation du mouvement de la Figuration Narrative qui s'intéresse à la dimension esthétique de la toile pour mieux développer son esprit corrosif.

Eduardo Arroyo "El caballero espanol" (1970)

Eduardo Arroyo "El caballero espanol" (1970)

Eduardo Arroyo va continuer à traiter de l'Espagne mais sous l'angle social. Dans "El caballero espanol" (1970) il attaque l'ordre social établit par le dictateur qui se caractérise par la domination de l'Eglise et la suppression des opposants. La tableau représente un danseur imbu de lui - même et efféminé. Dans "Constantina la femme du mineur Perez - Martinez rasée par la police" Eduardo Arroyo raconte l'arrestation et les tortures que Constantina a subit car elle avait soutenu une grève dans les Asturies. Pour l'humilier la police lui rase les cheveux. Eduardo Arroyo brise les clichés de la figure féminine en peinture car il ne représente plus la bonté, la grâce et la beauté mais la souffrance.

Portrait de Constantina Perez - Martinez dite Tina Perez - Martinez par Eduardo Arroyo

Portrait de Constantina Perez - Martinez dite Tina Perez - Martinez par Eduardo Arroyo

Peu de personnes échappent au regard d'Eduardo Arroyo. Il tourne en dérision les peintres modernes comme Marcel Duchamp ou Salvador Dali dont il n'apprécie pas les positions pro franquistes. Eduardo Arroyo désacralise également les héros de l'histoire et les personnalités politiques.Il ridiculise Napoléon Ier qu'il peint avec six laitues, un couteau et trois épluchures pour dénoncer la guerre d'Espagne de 1808. En 1974 le régime de Franco bannit Eduardo Arroyo mais ce dernier récupère sa nationalité en 1976 à la mort du dictateur. Six ans plus tard Eduardo Arroyo reçoit le Prix national d'art plastiques et le Musée national d'art moderne de Madrid lui consacre une importante rétrospective.

Eduardo Arroyo "Le retour des croisades" (2017)

Eduardo Arroyo "Le retour des croisades" (2017)

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