Judy Chicago, Los Angeles les années cool

par Philippe  -  3 Juillet 2018, 06:28

Judy Chicago, Los Angeles les années cool

Exposition à la Villa Arson du 1er juillet au 4 novembre 2018 à la Villa Arson avec Marcia Hafif, John McCracken, Robert Morris, Bruce Nauman, Pat O'Neil, Dewain Valentine ouverte tous les jours de 14h à 19h en juillet et août et de 14h à 18h dès le 1er septembre, 20 avenue Stephen Liégeard, 06105 NIce Cedex 2, tél. : 04.92.07.73.73, entrée libre.

 

Lorsque l'on évoque la carrière de l'artiste Judy Chicago tout le monde pense aux pages publicitaires d'Artforum, au programme éducatif pour femmes "Womenhouse" (1971 - 1972) ou à l'installation permanente au Brooklyn Museum "Dinner party" (1974 - 1979). Cependant les oeuvres antérieures à cette époque restent inconnues. Judy Chicago étudie à l'UCLA (Université de Californie à Los Angeles) et commence à exposer quant plusieurs mouvements le Hard Edge, Light and Space, Finish Fetish et le L.A. Pop Art s'imposent en rejetant l'expressionisme abstrait et ses gestes lyriques. Ce bouillonnement intellectuel sur la côte ouest contraste avec le conservatisme de la côte est. New - York et ses élites regardent avec dédain Los Angeles car ils estiment que les artistes de la côte ouest sont trop hédonistes et pas assez cérébraux.

Judy Chicago "Flahsback, version 2" (1965)

Judy Chicago "Flahsback, version 2" (1965)

Cette analyse conservatrice de l'art californien ne prend pas suffisamment en compte les spécificités du lieu. Contrairement à New - York et sa verticalité la Californie est un endroit plat rythmé par les sunsets et les sunrises. De nombreux migrants européens fuyant la guerre y ont apporté un peu d'eux - mêmes et de leurs utopies. Les artistes californiens utilisent les matériux qu'ils trouvent dans l'industrie militaire ou spatiale. Le plexiglas, la lucite, le polyester, le plastic deviennent les matériaux et les marqueurs de cette génération. La Ferus gallery ouverte en 1957 par Walter Hopps et Edward Kienholz devient le laboratoire des artistes californiens d'avant - garde. Ces derniers se baptisent "Studs" (étalons) et proposent un pop art plus ludique, plus érotique qui s'oppose à celui de New - York mais qu'Andy Warhol apprécie.

Judy Chicago "Rearrangeable Rainbow Blocks" (1965)

Judy Chicago "Rearrangeable Rainbow Blocks" (1965)

Dans ce bouillonnement intellectuel le travail de Judy Chicago peut sembler être à l'opposé de ce qui se passe. Elle s'inspire de Jasper Johns et de Robert Rauschenberg (cercles, lignes, couleurs) dans la sérigraphie "Flash Back, version 2" (1965). Les sculptures "Sunset Square" et "Ten part cylinders" (1966 - 1967) s'opposent aux sculptures de Robert Morris et de Donald Judd. Cette filiation avec l'art minimal lui permet d'exposer avec les minimalistes au Jewish Museum de New - York en 1966. Cependant Judy Chicago va rapidement prendre ses distances avec le minismalisme new - yorkais avec l'installation "Rearrangeable Rainbows Blocks" (blocks, cylindres, cubes posés sur le sol) (1965) et son évidente dimension érotique. Elle accentue cette rupture avec la performance "Feather Room" (1967) à la dimension Light and Space. La rupture sera finalement consommée lorsqu'elle se lance dans le combat féministe et rejette le côté patriarcal du minimalisme.

Judy Chicago "Childhood End #2" (1972)

Judy Chicago "Childhood End #2" (1972)

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