Sauvages au coeur des zoos humains

par Philippe  -  5 Janvier 2019, 10:41

Sauvages au coeur des zoos humains

Documentaire réalisé par Pascal Blanchard, Bruno Victor Pujebet, scénario : Bruno Victor Pujebet, Pascal Blanchard, Coralie Miller, production : Bonne Pioche, Arte, RTS, Curiosity System, Sophie Perrault, Catherine Masconnet, commentaire : Abd Al Malik, musique : David Reyer, images : Bruno Victor Pujebet, Cyril Bron, ..., 95 mn, (2018).

 

Les zoos humains apparaissent au début du XVIème siècle lorsque les explorateurs ramènent avec eux des êtres humains vivant dans les contrées qu'ils découvrent. Ils veulent prouver à leurs aristocratiques mécènes que leurs investissements sont rentables mais également satisfaire leur soif d'exotisme. Cette pratique se démocratise au XIXème siècle avec l'apparition des freaks (monstres) shows destinés à un public aimant le voyeurisme. La Sud - Africaine Saartje Bartman attise ainsi l'excitation en raison de ses grosses fesses alors qu'elle sait parler couramment plusieurs langues. Les freaks shows intéressent les scientifiques comme Cuvier le père de la paléontologie moderne qui donnera donnera avec ses collègues une piètre image de la science. Ils cherchent à trouver le chaînon manquant entre l'animal et l'être humain et ils pensent l'avoir trouvé en se basant sur la morphologie de Saartje Bartman. Cette pseudo hypothèse aura de funestes conséquences durant le XXème siècle.

 

Affiche relative à un zoo humain.

Affiche relative à un zoo humain.

En France les zoos humains commencent à un niveau artisanal mais aux Etats - Unis et en Allemagne il s'agit déjà d'un véritable commerce. Philéas Taylor Barnum exhibe en 1801 des personnes handicapés les unes à côtés des autres. Le "marchand" allemand Carl Hagenbeck achète des êtres humains auprès de rabatteurs puis affréte des bateaux pour les expédier en Europe. Petite Capeline, Tambo ou Maleka voyagent ainsi dans le froid et dans la faim sur le pont ou dans la cale d'un bateau car ils ne sont pas considérés comme des êtres humains mais plutôt comme des biens meubles par Hagenbeck. Lorsqu'ils arrivent en Europe Petite Capeline, Tambo ou Maleka sont auscultés par des scientifiques afin d'établir des catégories destinés à classifier les êtres humains. Ensuite ces malheureux sont parqués dans des endroits dépourvus d'hygiène ou ils croupissent sans savoir ce qui va leur advenir. Beaucoup comme Petite Capeline tombent malade et meurent faute de recevoir un traitement.

Affiche relative à un zoo humain.

Affiche relative à un zoo humain.

Après la conférence de Berlin de 1885 les européens contrôlent le tiers des terres habitables et les zoos humains vont être mobilisés pour justifier la politique de colonisation dans une optique paternaliste. La photographie joue un rôle important dans cette politique car les différents clichés montrent des européens debout et imposants face à des africains assis ou de taille réduite ressemblant à de grands enfants. Des jeux olympiques ethniques sont même organisés pour le plus grand plaisir d'une foule haineuse. Cependant la première guerre mondiale va constituer le début de la fin de cette dérive. Les français et les anglais mobilisent les colonisés pour lutter contre les allemands présentés comme des barbares. Dans l'imaginaire européen la barbarie change de camp et les partisans du colonialisme présentent les colonisés comme étant sur la voie de l'émancipation.

Affiche relative à un zoo humain

Affiche relative à un zoo humain

Le ministère des colonies supervise les zoos humains et les expositions coloniales durant les années 1920. Les colonisés exhibés sont désormais sous contrat mais de nombreuses voix (associations luttant contre le racisme, églises, politiques, ...) s'élèvent contre ce type de spectacle. Ils rejettent le message paternaliste contenu dans les zoos humains et demandent l'arrêt immédiat de telles pratiques. L'exposition coloniale de Vincennes en 1931 constitue l'apogée des zoos humains qui disparaîtront progressivement jusqu'à l'exhibition de congolais en 1952 à Bruxelles. Longtemps occultés par la mémoire collective les zoos humains reviennent sur le devant de la scène car des historiens, des cinéastes ("Man to man", "Vénus noire", ...) et des romanciers questionnent les implications de ce passé sur notre présent.

Affiche relative à un zoo humain

Affiche relative à un zoo humain

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :