Traversée programmée
"Jean - Jacques Laurent, œuvres nouvelles et inédites 1992 - 2014", exposition du 28 juin au 14 septembre 2014, Centre international d'art contemporain, Château de Carros, Place du château, 06510 Carros (village), tél. 04.93.29.37.97,
Construit en 1156 le Château de Carros abrite le Centre international d'art contemporain. Ce centre propose une rencontre entre le patrimoine ancien (le château propriété de la famille de Blacas jusqu'à la Révolution se compose d'un ensemble rectangulaire et de tours édifiées au XIIIème siècle) et la création contemporaine (la ville restaure le château et invite les artistes à y exposer leurs œuvres).
Jean - Jacques Laurent est un artiste au parcours étonnant. Il voit le jour en 1943 à Limoges. Il quitte le Limousin lorsqu'il a sept ans en 1950 pour s'établir avec ses parents qui sont céramistes à Vallauris. Il commence à s'initier à la poterie et à la céramique mais il cherche sa voie. Deux personnalités vont jouer un rôle déterminant dans ses choix. Tout d'abord le poète Jacques Prévert qui lui fait découvrir la poésie et les mots. Ensuite le peintre Pablo Picasso qui l'incite à sa lancer dans la peinture. Picasso lui explique que peindre n'est jamais neutre. Jean - Jacques Laurent suivra le conseil de son ainé et aura toujours un regard direct sur les choses. Il peint en s'inspirant de la technique du "painting" de Jackson Pollock. Il peint comme on lutte avec brutalité en prenant volontiers les matières et les outils à contresens et en explorant les supports de récupération.
En 1983 il rencontre le succès. Il profite de ce succès pour expérimenter d'autres matériaux comme le papier, les emballages, le sable et le feu et intégrer son travail dans des thématiques. L'exposition au Château de Carros présente les différentes thématiques qu'il aborde entre 1992 et 2014. Elles correspondent à différentes étapes de sa réflexion et mettent en application la pensée de ses deux mentors.
La première thématique s'intitule "Un bruit étrange" (Salle Nord, au plafond ornementé) et couvre la période 1992 - 1993. Les toiles se composent de grands draps recouverts de papier goudron tissé de fils dilués dans le white spirit. Le peintre dénonce la guerre de l'ex. Yougoslavie avec ses traumatismes et ses bruits de bombes. Fait il référence au "Guernica" de Picasso ?
La deuxième thématique se nomme "Echappatoire" (Salle Ouest, avec la cheminée Blacas) et parle de l'année 1994. Les peintures sont réalisées avec des sacs postaux. Le peintre détourne cette matière brute et vivante de sa fonction d'origine. Il veut montrer qu'après la guerre arrive la paix. Les chariots sur les toiles ne sont plus des chariots d'exode. Les enfants ne cherchent qu'à s'amuser. "Echappatoire" représente une lueur d'espoir après "Un bruit étrange".
La troisième thématique s'appelle "Diptyque - triptyque" ( escalier rouge) et couvre l'année 1998. Les peintures sont faites avec des emballages de terre découpés et colles sur une toile peint en blanc. Le peintre voit se dessiner un monde qui se cherche après la fin de la guerre en ex Yougoslavie. Ce monde est en retrait comme le montre une main coupée sur une toile.
La quatrième thématique s'intitule "Variations pourpres" (Palier) et couvre l'année 2005. Les tableaux montrent des personnages avec une oreille gauche surdéveloppée. L'élément déclencheur a été l'audition par le peintre des "Variations Goldberg" de Jean - Sébastien Bach. Il se rend compte que son oreille gauche est frappée de surdité. Il décide d'évoquer ce handicap.
La cinquième thématique se nomme "Encres" (2ème étage, partie Ouest) et couvre l'année 2007. Les lithographies sont exécutées avec un bout de bambou et de l'encre de chine sur des sacs de papiers récupérés. Le peintre veut montrer que l'être humain peut parfaitement s'intégrer dans un ensemble et chercher à s'en détacher. Cette série de lithographies met en avant l'ouverture.
La sixième thématique s'appelle "Têtes" (Petite salle) et couvre la période 2012 - 2013. Le peintre utilise simplement une toile et de la peinture pour réaliser une série de têtes. Il cherche à montrer la diversité derrière une certaine uniformité et donne de l'importance à des gens qui a priori n'ont aucune importance.
La septième thématique s'intitule "Le pouvoir des muses" (1er étage, partie Est, grande salle). Le peintre utilise la technique du tampon pour aborder la féminité. Il questionne sur le pouvoir, le rapport de force et l'amour au sein d'un couple. Dans cette partie de l'exposition on trouve la toile la plus grande et la plus longue que la fiche de présentation présente comme étant la pièce maitresse.
La huitième thématique se nomme "Traversée programmée" (1er étage, partie Ouest, grande salle) et couvre l'année 2014. Le peintre sensibilisé par la tragédie que subissent les migrants africains au large de l'île de Lumpedusa (grugés par des passeurs, noyés pour certains au large des côtes italiennes, parqués dans des camps à leur arrivée) veut dénoncer l'indifférence dans laquelle elle se déroule. Il utilise un bleu provenant du stock d'une imprimerie dans lequel on peut voir des êtres humains.
Carros - Centre international d'art contemporain
Site du Centre International d'Art Contemporain de Carros
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