Caroline Trucco, Oui, mais avec des mots étendarts

Exposition au MAMAC de Nice jusqu'au 2 octobre 2023, place Yves Klein, 06364 Nice, Cedex 4, ouverte tous les jours sauf le lundi (10h - 18h), tél. : 04.97.13.42.01.

La niçoise Caroline Trucco expose pour la première fois à la galerie contemporaine du MAMAC avant qu'elle ne soit fermée dans le cadre de la rénovation de la promenade du Paillon. Elle découvre l'anthropologie durant ses études et enclenche dès 2008 une relation intense avec l'Afrique de l'ouest (Togo, Cameroun, Sénégal, Bénin) qui se matérialise notamment par de nombreux voyages en direction de cette partie de l'Afrique. Diplômée du Pavillon Bosio elle bénéficie en 2013 d'une bourse de recherche en Muséographie et patrimoine immatériel africain et études postcoloniales. Caroline Trucco utilise les connaissances qu'elle a acquise pour bâtir son exposition au MAMAC dans laquelle elle interpelle le public sur les notions de paternalisme, de colonialisme et d'appropriation culturelle à travers des oeuvres protéiformes qui raisonnent entre elles et déroulent une histoire commune. Son récit débute par l'installation "Bons baisers de Calais, bons baisers de Vintimille" dans laquelle elle décrit la violence qui subissent les migrants qu'il s'agisse d'une violence liée à leurs conditions de vie ou liée à l'exil. Le visiteur continue avec "La saison des luttes" composée de masques en bois avec une vidéo accompagné d'une bande annonce. Cette installation retrace la guerre coloniale menée par la France entre 1955 et 1967 contre l'UPC de Ruben Um Nyobé au Cameroun.

Caroline Trucco ''L'errance du Lys'' (2023)

Le visiteur admire ensuite "Les statues meurent - elles aussi ?" une installation constituée de masques fabriqués en Afrique, entreposés sur place et destinés à l'export qui interroge sur la silence et souffrance. "Tristes tropiques" attire l'attention du visiteur car les différents tableaux reprennent le titre du célèbre ouvrage de Claude Lévy - Strauss dans lequel il analyse les dérives de notre civilisation. Caroline Trucco reprend des cases du très paternaliste album "Tintin au Congo" d'Hergé qu'elle noircit pour mieux mettre en lumière certaines scènes ou certains détails de l'absurde et sanglante idéologie coloniale. Caroline Trucco s'interroge aussi sur la place de l'art africain dans les musées européens en reprenant une phrase prononcée par le réalisateur Alain Resnais en 1953 ou il disait : "Pourquoi l'art nègre se trouve - t - il au Musée de l'Homme alors que l'art grec et égyptien est au Louvre ?". Pour réparer cette injustice et contribuer au débat sur la classification des oeuvres d'art elle met face à face des sculptures grecques et africaines. Caroline Trucco conclu son exposition sur la question du devenir des oeuvres d'art. Propriété de l'Institut colonial de Nice jusque dans les années 1940 date à laquelle il disparait les sculptures de l'exposition proviennent d'Afrique et contribuaient à une présentation bienveillante du colonialisme. Aujourd'hui elles figurent parmi les réserves du Palais Lascaris mais leur statut reste incertain.

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http://artetcinemas.over-blog.com/2019/08/kongo.html

http://artetcinemas.over-blog.com/2019/09/atlantique.html

Caroline Trucco ''Intense alimentation'' (2018)