Le procès Goldman

Film réalisé par : Cédric Kahn, scénario : Cédric Kahn, Nathalie Hertzberg, produit par : Nathalie Dennes, Benjamin Elalouf, Cédric Kahn, Moonshaker, Ad Vitam Distribution, photographie : Patrick Ghiringhelli, montage : Yann Dedet, distribution : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stephan Guérin Tillié, Nicolas Briançon, Aurélien Chaussade, Christian Mazucchini, Jeremy Lewin, Chloë Lecerf, ..., (2023), 1h55mn.

"Le Procès Goldman" retrace avec minutie le second procès du militant d'extrême gauche Pierre Goldman condamné en première instance le 9 décembre 1974 à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages et le meurtre de deux pharmaciennes le 16 décembre 1969 boulevard Richard Lenoir à Paris. A l'époque ce procès mobilise la presse ainsi que l'élite qui éprouve une certaine sympathie pour ce militant en rupture avec l'ordre social. Durant le procès Pierre Goldman apparaît comme un personnage complexe qui maitrise parfaitement l'art de la rhétorique, fréquente les gangsters, aime les filles, l'alcool, le jazz et la musique cubaine. Les minutes du procès n'existent pas et les deux scénaristes (Cédric Kahn et Nathalie Hertzberg) se sont servis des nombreux articles de presse, du livre écrit en 1975 par Pierre Goldman en prison ("Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France") et des informations fournies par les avocats pour reconstituer une chronologie ou la magie de la parole et du verbe prend une place importante. En effet durant le procès les témoins se succèdent à la barre et Pierre Goldman intervient constamment faisant réfléchir ou déstabilisant l'auditoire car lorsqu'il prend la parole personne ne sait ce qu'il va dire et cette stratégie lui fait courir des risques énormes. Les relations avec son avocat Me Georges Kiejman futur ténor du barreau ne sont pas simples car il ira même jusqu'à mettre en cause sa judéité. Parmi les témoins cités à la barre on trouve la compagne antillaise de Goldman qui frappe par sa dignité ou les policiers dont les témoignages se contredisent et qui sont copieusement insulté par l'auditoire. Cette radicalisation des comportement fait d'ailleurs écho aux problèmes actuels que connaît la France avec les violences dans les banlieues même si le procès signe le crépuscule des idéaux de l'extrême gauche révolutionnaire. Les acteurs du "Procès Goldman" sont tous impeccables avec une mention particulière à Arieh Worthalter dont l'interprétation intense fait pensé à celle de Gian Maria Volonté. Maître Kiejman plaide le bénéfice du doute et insiste sur l'incohérence des témoignages des parties. Cette plaidoirie emporte l'adhésion des jurés et Pierre Goldman est acquitté le 4 mai 1976 mais sera assassiné le 20 septembre 1979 par des inconnus surement proches de l'extrême droite. "Le Procès Goldman" signe le retour à un cinéma plus exigeant qui selon le réalisateur Cédric Kahn s'intéresse "aux rapports de classe" et montre d'une certaine façon les tentations insurrectionnelles qui traversent notre société.

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Pierre Goldman (Arieh Worthalter)