Jacques Henri Lartigue, un monde flottant

par Philippe  -  17 Août 2016, 09:04

Jacques Henri Lartigue, un monde flottant

Exposition du 17 juin au 25 septembre au Théâtre de la photographie et de l'image, 27 boulevard Dubouchage, 06000 Nice, ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h, tél. : 04.97.13.42.20.

Jacques Henri Lartigue s'initie trés tôt (en 1900) à la photographie en compagnie de son père. La photographie lui permet de s'affranchir d'un sentiment de solitude et d'exclusion qu'il éprouve car les garçons plus âgés que lui refusent qu'il participe à leurs activités. Grâce à l'appareil photographique Jacques Henri Lartigue posera son regard sur le monde. Ce regard sera léger comme la légéreté qu'il recherche dans la puissance mécanique (avions, voitures, ...) pour échapper à l'inertie du corps. Cette légéreté se retrouve également dans les traits d'esprit, les jeux et les joutes savantes et absurdes auxquelles sa famille participe pour échapper à la lourdeur des conventions sociales. Ce regard montre la soudaine relativité des choses dans un monde ou tout va tellement vite que tout devient immatériel, indécis et sujet au hasard. A l'orée du XXème siècle le temps et les corps se trouvent comme comprimés. Jacques Henri Lartigue cherche à capter ce que le corps éprouve lorsqu'il est confronté à la vitesse.

Jacques Henri Lartigue "Mary Bolewski" (1941)

Jacques Henri Lartigue "Mary Bolewski" (1941)

Jacques Henri Lartigue veut que la photo retienne le bonheur mais aussi traduise ce bonheur dans les albums qu'il confectionne pour batailler et établir des barrages contre la condition humaine. Dans ses albums il choisit, accumule ou enlève car il veut toujours garder la maitrise de la situation. Jacques Henri Lartigue commence par gagner sa vie avec la peinture et le dessin. Il fréquente l'Académie Julian en 1915 puis il expose dès 1919 dans différents endroits du sud de la France. Jacques Henri Lartigue développe son intérêt pour les femmes de sa première femme Madeleine jusqu'à son épouse Florette en passant par les différents modèles qu'il a photographié durant sa carrière. Il se dissimule et utilise une prise de vue assez basse pour questionner directement les yeux des femmes et de ses modèles qui semblent immobiles tout en s'épanouissant comme des fleurs.

Jacques

Jacques

Jacques Henri Lartigue connait une mauvaise passe durant les années 1930 et 1940. Il refuse de travailler car il ne veut pas perdre sa liberté et il se contente de la peinture pour vivre. Cependant Jacques Henri Lartigue commence à être reconnu comme photographe dès les années 1950. La célébrité va venir lorsqu'il s'embarque sur un cargo en partance pour Los Angeles. Sur la côte est des USA il rencontre Charles Rado de l'agence Rapho qui contacte à son tour John Szarkowski le conservateur du département photo du MOMA (New - York). En 1963 le magazine Life lui consacre un portfolio dans le numéro qui annonce l'assassinat de JFK. Lartigue devient immédiatement célèbre. Il réalise en 1974 la photo officielle du président Valéry Giscard d'Estaing. Le Musée des Arts Décoratifs puis le Grand Palais organisent une rétrospective de son oeuvre mais aussi pour le remercier de l'avoir léguée à l'Etat. Dans ses derniers clichés Jacques Henri Lartigue aborde le thème de l'engloutissement qui ronge les corps et ne laisse que leur ombre.

Jacques Henri Lartigue "Pendant que j'ai encore une ombre (Opio)" (1980)

Jacques Henri Lartigue "Pendant que j'ai encore une ombre (Opio)" (1980)

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